Director's note

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Dernier Souffle est un hommage, une relecture moderne du film Le Samouraï de Jean-Pierre Melville, sorti en 1967. Cette œuvre matrice dans la filmographie du réalisateur m’a fortement marqué quand je l’ai découverte adolescent. Ce film est important dans l’histoire du cinéma, quelques cinéastes ont en fait des remakes plus ou moins avoués ; Le Solitaire de Michael Mann, Driver de Walter Hill et Drive de Nicolas Winding Refn, Ghost Dog de Jim Jarmusch, etc.
Se confronter à un monument du cinéma, un film à l’abstraction froide et à la mise en scène prédominante, n’est pas une chose aisée, mais je pense sincèrement que ce film intemporel mérite une relecture dans un univers et un imaginaire différent ; et tout particulièrement en Afrique noire.
Je souhaite, tout en gardant la structure du film original, raconter une histoire liée à mes préoccupations actuelles ; le cycle de la violence (physique, morale, alimentaire) qui se perpétue souvent dans quelques pays d’Afrique noire comme un héritage maudit, et questionner la notion de déterminisme et d’indéterminisme.
La relecture contemporaine du film de Melville passe aussi par l’affirmation de personnages féminins forts ne servant pas de faire –valoir, des personnages féminins qui ont autant d’importance que le personnage principal.
J’imagine un film à l’abstraction affirmée (couleurs froides et désincarnées, mise en scène formaliste) qui parle de ce personnage en décalage avec le monde qui l’entoure, plein de bruit et de fureur. Abidjan est le lieu idéal pour dérouler cette histoire, mégapole tentaculaire entre modernité et tradition ; richesse et grande pauvreté où la population fait preuve d’ingéniosité pour survivre.
Dernier souffle est un polar, une tragédie, une histoire d’amour, un récit universel, qui je l’espère suscitera votre intérêt.
Le passage à l’écriture d’un scénario n’est évidemment pas une chose simple. Il se fera en deux étapes, un traitement et ensuite un scénario. Ces deux étapes permettront un travail approfondi sur les nombreux points encore fragiles. Même si le récit me parait assez clairement esquissé, il manque un travail plus abouti sur le personnage principal et sa trajectoire.
J’ai conscience qu’à la lecture du synopsis développé, le protagoniste se retrouve parfois en retrait par rapport à son « double » le jeune Adama. Je souhaiterais travailler sur ces points : - Renforcer et dynamiser le personnage principal, Saul ; ses démons, ses séquelles psychologiques, son objectif, ses projets. - Travailler sur sa relation avec Mama Benz, son allégeance, travailler le conflit de loyauté. - Faire mieux vivre la relation avec Marie.
Une autre question est la place des flashbacks ; l’idée est de les réduire, rendre moins lisible le passé du personnage principal, trouver la bonne rythmique d’écriture pour les distiller.
Enfin, je souhaite relier un peu plus les personnages, peutêtre lier plus intimement l’assassinat de l’homme politique avec Saul ; cet homme politique pourrait être lui aussi un ancien enfant-soldat qui a décidé de rompre avec son passé et Mama Benz.
Le polar obéit à une mécanique très précise et n’étant pas un scénariste complet, je compte convoquer pour le travail d’écriture la collaboration d’un(e) scénariste.
Mon expérience en production me permet d’appréhender les enjeux importants liés à l’écriture, l’obligation dans la concurrence des films, de proposer une écriture maitrisée.

Producer's note