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Après une première expédition en 1874, soldée par un semi-échec, le 10 septembre 1880, sur les bords du fleuve Congo, Pierre Savorgnan de Brazza conclut un traité en plusieurs exemplaires avec le chef traditionnel des Batékés. Par ce traité auquel le Roi Makoko ne comprend goutte, la République française établit son protectorat sur un vaste territoire en Afrique centrale. Habilement relayé par la propagande officielle, ce succès obtenu sans combat va nourrir dans le pays de Jules Ferry le mythe de la mission civilisatrice de la France. Le jeune Savorgnan de Brazza (28 ans), Français d'adoption, devient l'objet d'un véritable culte républicain et l'on se plait à opposer sa magnanimité à la brutalité de Henry Morton Stanley, surnommé Bula Matari (Casseur de pierre), un Britannique au service du roi des Belges, avec lequel il est entré en concurrence dans le bassin du Congo. Un destin héroïque et cruel qui résume les ambiguïtés de la colonisation. Descendant d'une illustre famille italienne qui comptait un empereur romain, des doges vénitiens, un condottiere, de grands voyageurs, qui est Pietro Paolo Savorgnan di Brazzà, l’homme qui a permis à la France de conquérir plus de 2.500.000 km2 en Afrique ?
Director's note
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De parents congolais, je suis né à Bangui en Centrafrique, dans cette vaste région appelée le bassin du Congo, traversée par un des plus grands fleuves au monde, le deuxième poumon de la planète après l’Amazonie et que, par ironie, l’écrivain Joseph Conrad, fasciné par cet écosystème nommait « le cœur des ténèbres ». Dans cette région, nul n’ignore le nom de Pierre Savorgnan de Brazza. J’ai vécu à Brazzaville et étudié au lycée Savorgnan de Brazza. Dans ma prime jeunesse, j’ai vécu sur l’avenue Savorgnan de Brazza, autant d’éléments ou de signes qui m’incitent à aborder ce sujet.
Il y a peu, suite à des évènements survenus aux États Unis, le monde était parcouru par un débat – encore en cours - qui consistait à savoir s’il fallait ou non déboulonner les statues représentants des figures historiques de la colonisation ou de la traite négrière. Dans la sphère francophone, il s’est agit entre autres de Victor Schoelcher, dont deux statues ont été détruites en Martinique, bien qu’il ait contribué à l’abolition de l’esclavage, de Colbert, Galiéni, Adolphe Thiers, Voltaire, mais aussi de Victor Hugo qui se serait planté sur la colonisation dans son discours sur l’Afrique prononcé le 18 mai 1879 « l’Afrique est à prendre. À qui ? À personne ! » Pierre Savorgnan de Brazza dont l’épitaphe affiche : Sa mémoire est pure de sang humain, n’a pas échappé à cette controverse.
Savorgnan de Brazza est un documentaire de création dont la durée envisagée est de 90 minutes. Il sera tourné en vidéo numérique format 4K ultra HD, format 16/9ème - 1,85 :1.
On ouverture, nous sommes dans un tribunal. Nous assistons à une parodie de procès, à la seule différence, qu’ici, les juges et les jurés sont des jeunes gens, enfants et adolescents. Ce dispositif me permet de m’adresser indirectement, sans parti pris, à cette même génération qui juge que l’histoire est injuste et fait la part belle aux vainqueurs même les plus sanguinaires.
Faut-il déboulonner Savorgnan De Brazza ? A la barre, Savorgnan de Brazza est seul à témoigner, à se défendre, à expliquer sa mission. Il est incarné par un acteur qui serait filmé le plus souvent de dos ou de profil. Ce serait là, la seule astuce fictionnelle, sans en abuser, qui introduira les faits historiques par le biais de l’animation.
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L’histoire, souffrant d’un manque considérable d’images d’archives, je fais, délibérément, le choix de l’animation en ce qui concerne les scènes historiques pour illustrer l’épopée de cet illustre personnage, tout en étant le plus près possible des récits rapportés par les protagonistes et les historiens. Le travail d’animation sera savamment orchestré et ne viendrait qu’en appoint pour soutenir les prises de vues réelles qui elles, décriront ce que sont devenues de nos jours, les localités et les chemins jadis parcourus par Savorgnan de Brazza et ses compagnons. Je tiens, par cette dichotomie, par un subtil montage entre l’animation et les vues réelles, à marquer et à bien signifier la mise en distanciation pour éviter toute hagiographie.
Les témoignages des descendants d’acteurs africains et français de cette aventure, et ceux d’historiens, étayeront la narration de façon très parcimonieuse. Je pense tout particulièrement aux historiens Catherine Coquery-Vidrovitch et Pascal Blanchard, un spécialiste de l’histoire coloniale française, à l’éminent historien et égyptologue congolais Théophile Obenga, à Elykia M’Bokolo (agrégé d’histoire, ancien directeur d’études à EHESS et du Centre d’Etude Africaine, professeur à Science Po) et bien d’autres qui pourraient venir s’agréger, notamment un ou deux jeunes doctorants en histoire.
L’aventure, pour l’essentiel, se situera au Congo et au Gabon, puisque c’est à partir de Libreville que s’engageaient les expéditions, qui remontaient le fleuve Ogooué, et se poursuivra au Sénégal, à Dakar où Savorgnan de Brazza a trouvé la mort et d’où il était parti avec une dizaine de laptot sénégalais dont le fameux Sergent Malamine.. Nous montrerons les grandes villes nées depuis, sur les mêmes sites, et le contraste qu’elles forment avec une histoire qui n’est vieille que d’environ 150 ans.